AVANT-PROPOS

Variation, 11.X.23-2, ©ADAGP Olivier Deck

Quelques mots, en guise de présentation...

La psychanalyse est un art. L'art de penser la pensée. L'art de panser la pensée. Elle est une voie et un moyen. Le moyen de suivre un voie, pour un voyage intérieur qui a pour but - considérons, à l'inspiration de Choggyam Trungpa, que "Le chemin c'est le but" -, l’acquisition progressive d’une meilleure connaissance de soi, au moyen de la parole sous ses divers usages et manifestations. Se connaître mieux, c'est se donner une chance d'aller mieux. De mieux être.

La personne à l’intuition plus complexe, plus vaste que ce que la conscience veut bien lui révéler. Le sentiment d'un inconnu en soi, d'un inconnu de soi où se cachent l'origine des difficultés rencontrées dans la vie manifeste. Elle sent que les heurts de l’existence, la souffrance, ont des origines profondes qu’il est difficile de découvrir seul, parce que des forces s’opposent à la levée du voile. Elle sent qu’elle ne sait pas, mais elle ne sait pas ce qu'elle sent. Ressent. Pressent. Elle ne sait pas comment aller vers cette vérité qui peut alléger ou faire cesser les conflits intérieurs à l’origine du mal-être ou tout simplement du manque de fluidité, dans le cours de l'existence. Heurts, obstacles, manques, craintes...

Il est probable que la psychanalyse essaie simplement de répondre à cette question universelle, que chacun se pose : Qui suis-je? Si l’être ignore presque tout de ses propres ténèbres, il devine qu'il n'est qu'une solution pour y apporter un tant soit peu de lumière. S’y aventurer. Oser. Avoir le courage d'aller vers soi. Il n'est qu'à ce prix qu’il pourra se donner une chance de découvrir des vérités enfouies et révéler des conflits qui se cherchent un nom pour apparaître à la conscience, où ils auront meilleure chance de trouver l’apaisement. 

Freud a utilisé la métaphore de la psychanalyse comme une torche que l’on porte à bout de bras en avançant dans l’obscurité. Il a commencé par s’analyser lui-même, avant de construire sa théorie de la psychée. L’auto-analyse est fondatrice de la psychanalyste, c’est une origine que je retiens, en tant que psychanalyste et artiste. Mon approche accompagne l’instrospection et la jalonne de repères. 

En cours d’analyse, lorsque l’occasion s’en présente et qu'une demande est exprimée, j’essaye d’apporter à la personne les éléments théoriques qui lui permettront peu à peu de prendre place différemment face à elle-même, sur une sorte de promontoire intérieur d’où elle embrassera de mieux en mieux l’ensemble des domaines qui constituent son royaume. 

On ne se "fait pas psychanalyser", comme le veut une idée aussi commune que fausse... non, on s’analyse soi-même. Pour cela, il faut se donner les moyens. On investit pour soi-même, pour son propre bonheur, pour une capacité meilleure à vivre. Cela ne se fait pas sans engagement, sans effort, sans courage. Parce que la vérité ne se laisse pas énoncer sans combattre. Dans ce combat pour soi, contre les forces de destruction qui agissent dans l’âme, le psychanalyste est un allié subtil. Une compagnie éclairée et éclairante pour entreprendre et mener le voyage. Une aide précieuse, nécessaire, car le chemin est semé d'embûches. Qui s’analyse incarne à la fois l’allié et l'adversaire. L'alliance psychanalytique permet de renforcer la puissance de l'allié, pour que recule l'adversaire. Se donnant ainsi les moyens de la connaissance profonde de soi, d'une meilleure compréhension, on se donne l'avantage pour aller mieux, du mieux possible. 

Il convient de rester humble, face aux vérités qui peuplent le coeur des êtres humains. Je dirai avant de conclure que le conseil de Voltaire est ici particulièrement opportun, et je le reprends volontiers à ma façon. Aller en analyse, c’est cultiver son propre jardin pour vivre le plus heureux possible, dans le meilleur des mondes intérieurs possibles. Ainsi, par répercussion, par réverbération, se trouver plus à même de vivre mieux sa propre vie.

Les séances se déroulent soit en face à face, soit le patient sur le divan, analyste hors de sa vue, selon les préconisations de Sigmund Freud, inventeur de la méthode et de son socle théorique, dont je fréquente en permanence les écrits. Mon approche est basée sur la théorie freudienne, toujours adaptée au cas par cas, enrichie des travaux des auteurs qui ont contribué à faire  évoluer les premières théories, en fonction des apports de l’expérience clinique et des changements sociaux et culturels. La société actuelle n’est plus celle du temps de Freud, mais la psychanalyse est apte à se réinventer puisqu’elle est portée par des praticiens dont le soucis n’est pas d’imposer un dogme immuable, mais bien au contraire de reste toujours au plus près d’une réalité actuelle, de ses effets et conséquences diverses sur l'âme humaine.

Pour ma part, j'ai enrichi et continue d'enrichir mon approche et ma sensibilité grâce à une pratique artistique constante et protéiforme (littérature, photographie, peinture, musique) et une perception de l'être affinée et affûtée au cours de quatre décennies de pratique du Budo (voie du combat au Japon), irriguée par les idées spirituelles d'extrême-orient, d'Asie et d'Inde, qui entrent en parfaite résonance avec la théorie psychanalytique. Un même sommet s'atteint par des voies diverses...

Il est fréquent, dès lors qu’on approche des domaines du travail sur soi, de l'examen psychologique et du développement personnel, de voir cité le début de l’injonction de Delphes : « Connais-toi toi-même..." (... et tu connaîtras l'univers et les dieux.") Je rappellerai pour finir que Platon, dans Alcibiade, précise toutefois que pour aller dans la direction de la connaissance profonde, il convient tout d’abord de prendre soin de soi. Alors, prenons soin de nous en empruntant le chemin de la plus intime connaissance.

Olivier Deck

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